Il suffit parfois d’énoncer certains intitulés de postes pour susciter un malaise, voire une franche réaction de recul. Pourtant, ces métiers souvent boudés ne sont pas toujours synonymes de fins de mois difficiles, loin de là. Bien au contraire, derrière l’image ingrate ou le désamour généralisé, se cachent de véritables niches de l’économie, capables d’offrir des niveaux de vie très confortables. Ces professions réclament du courage, du sang-froid ou une solide dose de pragmatisme, et c’est probablement ce qui explique le manque de vocations. Offrant d’intéressants salaires et une sécurité de l’emploi quasiment garantie, ces métiers méconnus dessinent un paysage professionnel surprenant, à mille lieues des clichés du succès. Voici un tour d’horizon des métiers bien payés que personne ne souhaite exercer, où l’on découvre, entre odeurs persistantes et hauteurs vertigineuses, des réalités aussi implacables qu’utiles pour la société.
Éboueur, égoutier, dératiseur : la gestion des déchets sous toutes ses formes
Parmi les métiers qu’on n’envisage guère à la sortie du lycée, ceux autour de la gestion des déchets se distinguent par leur extrême utilité sociale, associée à une image peu enviée. Leur rémunération intrigue, d’autant plus que ces emplois n’exigent pas systématiquement des diplômes avancés. Pourtant, difficile de trouver une vocation dans les travées sombres des égouts ou lors de la collecte matinale des déchets.
Qui n’a jamais croisé ces équipes d’agents de propreté urbaine, affairés à vider les ordures alors que la ville dort ou s’éveille ? Le métier d’éboueur – ou ripeur – exige une excellente résistance physique et la capacité à jongler avec les intempéries, la chaleur, le froid, les horreurs olfactives et le manque de reconnaissance sociale. Loin d’être cantonné à une tâche répétitive, il implique aujourd’hui le respect de consignes strictes en matière de tri sélectif et de sécurité. Ce que l’on ignore souvent, c’est que la rémunération ne se limite pas au simple SMIC : les primes, telles que la prime de salissure ou de panier, et les éventuels suppléments pour travail de nuit peuvent rapidement gonfler le salaire. Un agent de collecte expérimenté peut ainsi toucher plus de 2 000 € mensuels, et même davantage dans les grandes villes françaises.
Là où l’éboueur affronte la surface, l’égoutier plonge littéralement sous terre. Pour lui, chaque journée rime avec confinement, obscurité et atmosphère lourdement chargée en gaz parfois toxiques et agents pathogènes. Leurs interventions limitent d’ailleurs les risques de catastrophes sanitaires et de pollution. Avec un salaire qui tourne autour de 1 800 à 2 350 € par mois, ce métier bénéficie aussi d’une sécurité de l’emploi. Il n’est pas rare que l’ancienneté et l’expérience permettent d’atteindre des niveaux de rémunération très confortables, la moyenne se situant aujourd’hui autour de 62 000 € annuels pour les plus expérimentés.
Un autre métier, bien souvent oublié mais ô combien essentiel, est celui de dératiseur. Chargé de la lutte contre les nuisibles (rats, souris, blattes et autres insectes indésirables), ce professionnel intervient dans des conditions parfois extrêmes, entre sous-sols insalubres et locaux infestés. Il doit manipuler des produits toxiques, poser des pièges, et respecter des protocoles de sécurité stricts. Résultat, le métier n’attire pas les foules. Pourtant, un dératiseur chevronné peut prétendre à 3 000 € brut par mois, parfois plus dans les grandes métropoles où la pression des infestations ne faiblit jamais.
- Collecte, tri et transport des déchets ménagers et industriels : éboueurs et agents spécialisés
- Entretien des égouts, réseaux pluviaux et stations de pompage : égoutiers
- Lutte antiparasitaire : dératiseurs intervenant chez les particuliers et les industriels
- Respect scrupuleux des normes de sécurité et d’hygiène
- Primes et suppléments : nuit, insalubrité, ancienneté
On pourrait se demander si, en 2025, ces métiers ne gagneront jamais en attractivité. Après tout, qui, à part quelques passionnés du terrain, choisirait spontanément de travailler dans cet univers ? Peut-être faudrait-il songer à valoriser davantage ces professions dont dépend, littéralement, notre cadre de vie quotidien. En attendant, la majorité des candidats préfèrent – sans jeu de mot – passer leur tour !
Ingénierie pétrolière, plateformes et cordistes : des rémunérations à couper le souffle
L’industrie énergétique regorge de métiers bien rémunérés, qui évoquent autant le danger que la technique de pointe. Pourtant, l’ingénierie pétrolière est un secteur qui peine à trouver de nouveaux talents. Parmi ses figures les plus emblématiques, le technicien de plateforme pétrolière occupe une place à part, oscillant entre fascination pour la haute technologie et appréhension des conditions de vie.
Pensez-y : semaines entières à vivre loin de tout, régulièrement dans des conditions extrêmes, à la merci des embruns et d’une météo hostile. Il faut accepter d’être coupé du monde, supporter la promiscuité, et surtout disposer de solides connaissances techniques – du contrôle qualité jusqu’à la soudure industrielle ou la maintenance robotisée. Les plages horaires dépassent souvent les 12 heures par jour. Le salaire, lui, justifie cette vie à part : un technicien pétrolier peut démarrer à 2 000 € par mois et grimper jusqu’à 8 000 € pour les plus qualifiés ou ceux partis à l’étranger. Il arrive parfois que les plus courageux tentent leur chance du côté des énergies renouvelables offshore, comme l’éolien en mer, mais le cœur du secteur reste la plateforme pétrolière, avec ses contraintes si particulières.
Autre métier de l’extrême et pourtant étonnamment recherché : celui de cordiste. Ce professionnel, perché à des dizaines de mètres au-dessus du vide, intervient là où ni échafaudage ni grue ne peut atteindre – réparation de façade, inspection de barrage, contrôle qualité sur des sites industriels, pose de panneaux solaires… Le cordiste conjugue la technique de l’alpiniste, la précision de l’ingénieur (notamment lors d’opérations de soudure industrielle en suspens) et la rigueur du contrôleur qualité. Le prix de cette prise de risque ? Un salaire débutant autour de 2 000 à 2 500 € qui peut tripler lorsque l’expertise et la pénibilité s’accumulent, les plus chevronnés touchant parfois 6 000 € pour certains chantiers à l’étranger ou sur des structures monumentales.
Il existe un fil conducteur : ces métiers, bien loin d’être routiniers, impliquent :
- D’importants risques physiques et psychologiques (isolement, vertige, fatigue extrême)
- Des compétences techniques avancées : développement de logiciels industriels, maîtrise des systèmes embarqués
- Montées rapides en compétence et salaires associés
- Une évolution progressive vers des missions de supervision
- Des aventures humaines hors du commun
La rareté des profils, associée au manque chronique de relève et aux exigences d’adaptabilité, explique que nombre de ces postes restent vacants. On comprend aussi pourquoi les entreprises du secteur investissent désormais dans la formation, la prévention des risques et un accompagnement psychologique, pour fidéliser ces précieux techniciens.
Autour de la mort : thanatopraxie, médecine légale, agents funéraires
Il est des métiers qui donnent immédiatement la chair de poule, même – ou surtout – lorsqu’ils offrent un solide niveau de rémunération. La médecine légale, la thanatopraxie et les métiers des pompes funèbres s’inscrivent dans cette tradition du tabou, mêlant respect des morts et gestion de l’émotion humaine. Pourtant, difficile d’imaginer une société moderne sans eux.
Commençons avec le thanatopracteur/embaumeur. Il s’occupe de la préparation des corps, retardant la décomposition pour offrir aux familles un dernier adieu digne de ce nom. Houle émotionnelle, exigences techniques (maquillage, soins, reconstruction parfois impressionnante)… On comprend que ce n’est pas une vocation répandue. Pour y accéder, il faut suivre un cursus spécifique et réussir un concours d’entrée réputé impitoyable. Mais le jeu en vaut la chandelle pour les rares diplômés, qui peuvent prétendre à des salaires entre 1 500 € (débutant) et 4 000 € (libéral confirmé).
L’agent de pompes funèbres, quant à lui, orchestre les différentes étapes du deuil : transport, organisation des cérémonies, soutien moral… Sa force ? Une capacité d’empathie et de gestion des situations de crise. Peu de métiers incarnent aussi intensément la notion de « service public de l’intime ». La contrepartie, c’est une rémunération de 2 000 € à 5 000 € selon le niveau de responsabilité et l’ancienneté.
Enfin, le médecin légiste intervient dans l’ombre des tribunaux et des salles d’autopsie. Son rôle – qui va bien au-delà de la série policière – consiste à déterminer la cause des décès, à documenter les blessures, parfois à témoigner en justice. Ce métier, qui impose de solides nerfs, se trouve à la croisée de la médecine légale et de la science au service de la justice. Comptez 3 000 € à 6 000 € en fonction de l’expérience et du secteur. La France, comme d’autres pays, souffre d’un manque flagrant de médecins légistes, la charge émotionnelle et les horaires souvent imprévisibles décourageant les vocations.
- Préparation et hygiène des corps (thanatopraxie, soins, restauration visage)
- Organisation de cérémonies (agents funéraires, directeur d’agences)
- Autopsies, investigations médico-légales (médecins légistes)
- Primes de nuit, ancienneté, indemnités de stress
- Accès réglementé et formation exigeante
On aurait tort de croire que ces professions sont seulement réservées à ceux qui n’ont pas d’autre choix. Certains s’y épanouissent réellement, trouvant un sens profond dans l’aide apportée aux familles. Reste que la raréfaction des vocations force les employeurs à revoir salaires et conditions de travail… Ce qui n’est pas pour déplaire, d’un strict point de vue financier.
Les métiers de l’extrême : plongeur scaphandrier, démineur, nettoyeur de scènes de crime
L’univers de la haute tension professionnelle, celui pour lequel le mot « passion » prend tout son sens, regorge de métiers sidérants – et terriblement bien rémunérés. Voyez le plongeur scaphandrier : ce professionnel est l’un des rares à intervenir sous l’eau, avec un équipement lourd, pour inspecter, réparer ou nettoyer des infrastructures maritimes (plateformes pétrolières, barrages, ports). Chaque plongée expose à de vrais dangers : accidents de décompression, froid extrême et visibilité réduite ne sont que le début.
Pour un débutant, le salaire oscille autour de 2 500 €, mais avec l’expertise, on peut atteindre jusqu’à 10 000 € par mois sur des missions à l’international ou dans des conditions extrêmes. La pénurie de profils est telle que les entreprises recrutent même à la sortie de l’école spécialisée ! Un peu dans le même registre, le démineur se distingue dans la gestion des situations à très haut risque. Son quotidien : localiser et neutraliser mines, bombes ou objets suspects, que ce soit dans l’héritage d’un passé guerrier ou lors de menaces du quotidien. Peu de volontaires osent se lancer dans cette aventure, même si le salaire de base atteint 1 500 € avec des primes de risque conséquentes et des progressions fulgurantes à mesure que l’expérience s’accroît.
Place aussi à un métier plus discret, mais qui remue même les plus aguerris : le nettoyeur de scènes de crime. Ce professionnel intervient après des incidents violents pour désinfecter et assainir les lieux. Il faut une sacrée force psychologique pour supporter l’âpreté de certaines scènes et la responsabilité liée à la désinfection de matières potentiellement dangereuses. Pourtant, la rémunération suit, avec certains spécialistes indépendants qui facturent jusqu’à 15 000 € par mois !
- Travail en milieux extrêmes : sous l’eau, au cœur du danger, au lendemain du drame
- Formation spécialisée, parfois militaire ou scientifique
- Interventions ponctuelles, astreintes ou missions longues
- Prime de risque et reconnaissance rare
- Impact psychologique majeur : soutien, débriefing, suivi
Dans toutes ces professions, il est frappant de voir à quel point l’extraordinaire devient ordinaire pour ceux qui en font leur vie. On croise parfois des témoignages fascinants d’anciens ingénieurs en développement de logiciels ou contrôleurs qualité, lassés du bureau, partis faire du “vrai terrain” en quête de sensations et d’utilité. Comme quoi, l’attractivité ne se limite pas toujours à la fiche de paie…
Métiers du contact direct : pédicure-podologue, plombier-chauffagiste, technicien informatique
Certains métiers sont victimes de leur image, alors même qu’ils offrent stabilité, confort de vie et perspectives de croissance impressionnantes. Tenez, le métier de pédicure-podologue est souvent perçu – à tort – comme peu glamour. Travailler quotidiennement avec des pieds malmenés par la vie, traiter cors, mycoses ou verrues… Il y a plus rutilant, certes. Pourtant, le rôle préventif est crucial et nombre de gens lui doivent un retour à la marche sans douleur. La rémunération, elle, fait plaisir : jusqu’à 3 000 € mensuels.
Dans la même veine, les plombiers-chauffagistes vivent – pour peu qu’ils soient sérieux et disponibles – dans une relative abondance, financièrement parlant. Les Français l’ont bien compris : une urgence de plomberie ne prévient pas, et il faut payer le juste prix pour une intervention efficace. Un jeune professionnel peut gagner entre 2 000 et 3 000 € net par mois, avec des perspectives d’évolution vers l’entrepreneuriat ou des spécialisations en énergie renouvelable (pompes à chaleur, chaudières à bois, etc.).
Plus inattendu, mais tout autant récurrent, le technicien informatique de terrain n’a pas toujours la vie facile. Viser un poste en développement de logiciels ou en contrôle qualité peut paraître plus séduisant sur le papier, mais il faut bien des professionnels sur le terrain pour résoudre les problèmes matériels, former les équipes, intervenir en urgence la nuit ou sur des systèmes dépassés. La rémunération, elle, se maintient correctement : entre 1 800 et 2 800 € selon la spécialité et la zone d’activité. La demande reste forte, surtout pour les profils à la fois manuels et capables de dialoguer avec le client, parfois dans l’urgence la plus totale.
- Traitement de pathologies techniques ou humaines (pieds, systèmes, tuyauterie)
- Diversité des interventions et des horaires
- Contact humain permanent
- Opportunités de spécialisation et d’évolution
- Revenus confortables, stabilité garantie
Il serait exagéré de dire que tout le monde rêve d’exercer ces métiers. Mais il ne fait aucun doute que ceux qui franchissent le pas sont rarement déçus par leur salaire ou leur utilité collective. En 2025, alors que la population vieillit et que les besoins en santé, habitat et service croissent, ces professions ont de beaux jours devant elles – à condition d’en finir avec certains vieux réflexes de mépris social.
